Lors du championnat de France de brass band, deux pièces sont interprétées par les brass bands qui concourent dans la catégorie Honneur – c’est à dire la catégorie la plus élevée qui décerne notamment le titre de Champion de France de brass Band, précieux sésame pour avoir l’honneur de représenter notre pays au championnat d’Europe l’année suivante. L’une des pièces est imposée par le jury et l’autre est choisie librement par le brass band.
Le jury écoutera les prestations musicales « à l’aveugle », derrière un paravent, afin de garantir une totale équité entre les compétiteurs.
Nous ne pouvons donc pas révéler ici quelle sera notre pièce aux choix car cela serait de nature à rompre l’anonymat des performances. Néanmoins nous pouvons vous présenter la pièce imposée en 2023 qui sera jouée par tous les brass bands de la catégorie honneur. Il s’agit de « Music for Battle Creek » composé par le célèbre compositeur de brass band Philip Sparke.
Vous trouverez ci dessous un présentation détaillée de l’oeuvre par le compositeur suivie par un enregistrement sonore de chaque mouvement.
Music for Battle Creek
Music for Battle Creek fut commandée par le Brass Band de Battle Creek, dans le Michigan aux états-unis, et financé par la fondation W. K. Kellogg. L’oeuvre est dédiée à Russell et LuAnn Mawby – Russ était le directeur fondateur et président de la fondation W. K. Kellogg. Le Brass Band de Battle Creek donna la première interprétation américaine de l’oeuvre en décembre 2007, sous la direction de Sarah Loannides. Elle fut également choisie comme pièce imposée lors de la finale du championnat national de Grande-Bretagne tenue au Royal Albert Hall à Londres, le 20 octobre 2007, qui connu sa première éxecution mondiale.
Le Brass Band de Battle Creek est un ensemble professionnel qui fut fondé en 1989 par les frères Jim et Bill Gray, eux-même tous les deux musiciens amateurs de cuivres. Les membres sont sélectionnés parmis les meilleurs musiciens cuivres du monde, jouant dans les plus grands orchestres, ensembles militaires américains et quelques spécialistes des brass bands anglais ; ils se retrouvent 2 à 3 fois par an pour des répétitions, enregistrements, concerts et se sont construits une forte et impressionante renommée. Philip Sparke rencontra le Brass Band de Battle Creek pour la première fois en 1992 lors d’une visite dans le Michigan et demeura un grand fan depuis. L’opportunité de composer une oeuvre majeure pour un ensemble aussi incroyable fut une grande chance à saisir.
Le but du compositeur fut d’écrire une pièce « Americaine », pleine d’éxication, de bravoure et de virtuosité célébrant l’attitude proactive « yes we can » qu’il admire chez les frères Gray.
L’oeuvre se structure en 3 mouvements :
1. Prélude et Toccata
L’oeuvre débute par une presque-fanfare basée sur un interval de tierce (et l’accordcomposé que cela peut produire) qui sert d’introduction à un cadence étendues pour un passage soliste cornet et euphonium, qui se termine calmement. La suite Toccata est à nouveau construite autours de la tierce de base et tout le brass band se réunis pour un climax. Plusieurs thèmes et ambiances variés sur succèdent jusqu’à un choral des trombones qui devient un élément important dans le premier et le dernier mouvement. Ceci amène un souffle d’optimisme interrompu par le retour de la toccata. Cependant le thème revient et triomphe à la fin du mouvement qui se termine dans un élan positif. Puis, un court Interlude mène à :
2. Elegy: En mémoire de John et Marguerite Gray
Le second mouvement est un hommage aux parents de Bill et Jim et commence dans une atmosphère assez sombre jusqu’à ce que l’ euphonium amène une certaine sérénité. La mélodie devient alors de plus en plus passionnée et davantage d’instruments en prennent la direction jusqu’à ce que l’ensemble des musiciens se rejoignent pour un hymne plein de grâce ; Ceci participe à l’élaboration d’un nouveau climax émotionnel avant la fin plus clame du mouvement.
3. Rondo Finale
Le dernier mouvement est en fait deux rondos en un seul; les thèmes contrastés qui ne cessent de revenir pour tenter de dominer le discours sont chromatiques : une fugue syncopée de façon jazzy mêlée à un puissant choral dans le style de Jean-Sébastien Bach. Après leurs apparitions solistes, le trombone et le tuba alto tentent d’assoir leurs présences mais sont éjectés par un puissant passage à l’unisson accompagnés par de cornets ondulants. Ceci mène à un retour de la fugue qui semble tenir alors jusqu’à ce que le choral à son tour réapparaisse. Un passage chaotique débute alors, mêlant la fugue et le choral, qui trouvera sa résolution par le retour du motif des trombones du premier mouvement. Ceci s’achève par un final plein d’une optimiste empathie qui verra un bref retour de la fugue jazzy tenter de voler la vedette.